Rapport d’étude en RD Congo

1 – La fin de l’ère coloniale

Le parlement Belge avait approuvé en 1929 (Chantoux, 1972 : 24) le projet de la commission chargée de la réforme de l’enseignement au Congo-Belge, dotant ainsi la colonie d’une politique de l’éducation. Cette dernière était un vaste programme de scolarisation des populations congolaises, toutes des analphabètes. Ce programme s’attardait globalement sur la création des écoles de formation classique et professionnelle et sur le renforcement du rôle des églises protestantes et catholiques dans l’éducation des congolais. L’objectif qu’il poursuivait était la formation d’au moins trois millions des congolais de tout âge afin de réduire le taux élevé d’analphabètes de la population active et de former en même temps une main d’œuvre qualifiée et semi qualifiée capables d’évoluer tant dans le secteur public et que privé (Chantoux, 1972 : 24).

C’est ainsi que la mise en œuvre de cette politique a permis à la métropole de construire, en partenariat avec l’église catholique et protestante, dans les chefs-lieux de chaque province un Athénée royal (réservé aux garçons) et un lycée (réservé aux jeunes filles). Ainsi, le pays comptait désormais, en plus des écoles qui fonctionnaient déjà, 12 nouvelles écoles modernes reparties dans les six provinces.

Les 3 principales directions de l’effort missionnaire en matière d’enseignement vont être : un enseignement primaire pour la « masse », parce qu’il était un moyen d’évangélisation, un enseignement de petit et de grand séminaire destiné à former un clergé africain et un enseignement professionnel (qui inclut des Écoles moyennes pour la formation des employés) destiné à former les cadres subalternes pour les secteurs public et privé. L’enseignement secondaire classique (le seul pouvant normalement préparer à l’entrée à l’université), par contre, va être longtemps tout à fait négligé, d’autant plus que les missionnaires réellement qualifiés pour enseigner dans le secondaire étaient peu nombreux (les ordres missionnaires étant rarement des « ordres enseignants ») et se retrouvaient surtout dans les Collèges pour enfants européens. (Chantoux, 1972 : 42)

Pour mettre en œuvre sa politique éducationnelle, le gouvernement colonial avait misé sur le renforcement du partenariat avec des confessions religieuses. Ce qui lui aura permis de disposer d’environs 2000 enseignants belges, parmi eux, plusieurs religieux. Ainsi, le taux de scolarisation était passé de 12 à 37% entre le début des années 1930 et le début des années 1950. Fin 1959, à la veille de l’indépendance, le taux de scolarisation primaire avait atteint environ 59%, avec un taux d’accroissement de 6 à 10%, ce qui permit un taux relativement élevé d’alphabétisation. (Chantoux, 1972 : 46).

En 1947, l’université catholique de Louvain initiera le projet de construction de la première université du pays qui débuté ses activités en 1954 et avait comme principale mission de former les cadres. L’enseignement universitaire était alors à ses débuts, avec moins de 1000 étudiants au moment de l’indépendance.

La Belgique entendait, par ses politiques éducationnelles, de former les citoyens congolais à l’alphabétisation, le point de départ pour leur épanouissement. Les premiers citoyens instruits pouvaient désormais s’exprimer en français, lire et écrire. Mais aussi trouver un emploi dans le secteur public ou privé et devenir autonome financièrement.

Donner aux autochtones le goût des études, mais sans les pousser à aller beaucoup plus loin dans les études étaient par conséquent les objectifs des politiques de l’éducation. L’on a formé plus des ouvriers et pratiquement pas de cadre. Les premiers cadres universitaires auront leur diplôme de licence deux ans après l’accès du pays à l’indépendance.

La prise en compte de la femme dans les politiques sociales durant cette période est une question complexe dans la mesure où la femme était encore considérée comme celle qui n’est qu’au service de sa petite famille. Son travail principal est le ménage et le mari est son patron. Cette conception traditionnelle va avoir une influence sur les politiques sociales, mais à proportion réduite quand même.

Bien que la priorité d’accès à l’école ne fût accordée qu’aux jeunes garçons, qui pouvaient évoluer dans les athénées après une bonne sélection, les jeunes filles étaient aussi scolarisées dans les lycées, où n’enseignaient que les religieuses. Même si, au fond, on limitait leur formation qu’à trois domaines : la formation religieuse dans le cadre des congrégations catholiques, la formation comme aide-soignante ou sage-femme et la formation comme monitrice. Evidemment, ne pouvaient être sélectionnées pour les études que les jeunes filles issues des familles des notables.

La politique sociale au niveau de l’éducation dans la colonie était pratiquement confiée aux missionnaires. En effet, jusqu’en 1946, comme l’affirme Guy Chantoux, le monopole des missions catholiques en matière d’enseignement va être pratiquement absolu (Chantoux, 1972 :131). Toutes les écoles du Congo étaient soit des écoles de missions, soit des écoles desservies par des missionnaires. Et, toute l’initiative en matière d’élaboration de programmes scolaires leur revenait. Il n’existait donc pas, au sens strict du terme, de programme gouvernemental d’ensemble. Par ailleurs, les premières écoles officielles laïques, créées à partir de 1946, seront destinées aux Européens. Il faudra attendre 1954 pour que soit instauré un enseignement officiel laïc pour les Congolais.

La semi-scolarisation était donc la règle pour la toute grande majorité des enfants. Les effets de ce système d’enseignement vont être désastreux. Il relevait en fait davantage d’une optique missionnaire, visant à en faire des catéchumènes, que d’une politique de promotion culturelle et sociale (Chantoux, 1972 :131).

2 – L’ère post indépendance 1960-1965

La crise congolaise post indépendance est une période de troubles politiques et de conflit ayant eu lieu en RDC entre 1960 et 1965. La crise commence presque immédiatement après l’indépendance du pays et prend fin avec l’accession à la présidence de Mobutu en 1965. Cette période était caractérisée par la mutinerie des militaires, l’agression belge, l’assassinat du premier ministre Lumumba, les sécessions, des rébellions, les départ massif des colons, l’agression du pays par le Belgique, l’intervention des nations Unies pour sécuriser la population locale, etc.[1]

Finalement, les cinq gouvernements qui se sont succédé en cinq ans n’ont pas pu concevoir, chacun en ce qui le concerne, des politiques sociales en faveur de la population. Tous les efforts du pouvoir public étaient consacrés au rétablissement de la paix et à la recherche de l’unité nationale, volée en éclat. En outre, le pays faisait face à des difficultés financières étant donné qu’il était privé des ressources minières à cause de la sécession des trois provinces minières et devrait par ailleurs faire face à l’effort de guerre.

Ainsi, après l’indépendance, le pays qui était censé hériter des bienfaits de l’époque coloniale dans plusieurs domaines sera pratiquement bloqué. Le départ massif et précipité des belges a paralysé tous les secteurs clés. L’enseignement et l’éducation, deux secteurs qui étaient totalement assurés par les colons ont connu brusquement un dysfonctionnement. Les enseignants et les médecins belges, du reste qualifié, ont été du jour au lendemain remplacés par des congolais sans niveau requis. Livrant ainsi ces deux secteurs sensibles entre des mains inexpertes.

Le secteur de l’emploi et de logement n’avait pas bougé non plus dans la mesure où la situation de la guerre chronique rendait difficile la mise en place des projets dans ces deux domaines. La dépréciation de la monnaie, l’augmentation du coût de la vie et le taux élevé du chômage étaient les caractéristiques de cette période. Cette situation trouve son fondement dans le manque de préparation des hommes politiques, la carence quasi-totale des cadres, les querelles tribales, les ambitions démesurées des certains leaders politiques et les convoitises internationales.

La Belgique était au centre de la manœuvre de la déstabilisation du pays à travers, notamment la manipulation des acteurs politiques, cristallisée surtout par la sécession katangaise et l’envoie des parachutes belges sous le prétexte de protéger des sujets Belges résidents encore au Congo. Se souvenant de cette période, l’universitaire congolais Loka affirme : « les gens se demandaient quand est-ce que l’indépendance prendra-t-elle fin ? »[2]

Accusée par le gouvernement congolais d’agression et d’ingérence, la Belgique, selon plusieurs études[3], mettra tout en œuvre pour rendre le pays ingouvernable. Ce qui préjudicia tous les projets de développement initiés par les colonisateurs qui étaient en cours d’exécution et rendait finalement impossible d’en initier d’autres. C’est dans ce contexte de chao que le Congo sera finalement sous l’assistance de l’ONU. C’est la Mission de l’Onu au Congo qui tentera d’organiser des interventions pour restaurer la paix et instaurer un nouvel ordre politique. Devant la persistance de la misère et la dégradation constante de la situation du pays, un changement politique par la force est alors soutenu par les puissances occidentales.

3 – La période du monopartisme et de l’ajustement structurel : 1965-1990

A l’accession de la RDC à l’indépendance, le pays ne comptait aucun cadre universitaire. Ainsi, globalement, le nombre des congolais formés par le système scolaire et capables de prendre la relève des belges était très limité. L’une des préoccupations du régime de Mobutu était justement de former les cadres capables de prendre la relève des belges, tant dans le public que dans le privé. Ainsi que l’accent était mis sur la formation universitaire. C’est dans ce cadre que deux autres universités seront créées, l’une au Katanga et l’autre dans la province orientale, au moment où Lovanium était tout simplement nationalisée, échappant ainsi au contrôle de l’église catholique. Des instituts supérieurs pédagogiques seront aussi créées dans toutes les provinces pour former les enseignants des écoles primaires et secondaires.

Par ailleurs, le gouvernement décida, sous le leadership du président de la République, dès 1967, de nationaliser les écoles primaires et secondaires qui étaient jusque-là gérées par les églises (catholiques et protestantes). L’exécution de cette décision était confiée au Ministre de l’éducation nationale, qui avait comme portefeuilles l’enseignement primaire et secondaire, l’enseignement technique et professionnel, l’enseignement supérieur et universitaire et la recherche scientifique. L’État ne pouvant plus laisser le monopole de la formation scolaire aux confessions religieuses.

Une autre politique dans le secteur de l’éducation était de réformer le système scolaire officiel. Désormais, le cycle de formation scolaire comprenait les six premières années, appelées « primaires » (6 à 12 ans) et les six années post-primaire, appelé cycle « secondaire » qui se divise en deux : Deux années de cycle d’orientation et quatre années des Humanités. Un certificat d’étude primaire sanctionne la fin du cycle primaire, un diplôme sanctionne la fin de cycle de trois ans des humanités professionnelles et un diplôme d’État d’études secondaires, après avoir passé un examen d’État, ouvre la voie aux études supérieures.

L’enseignement supérieur est de son côté subdivisé en deux groupes, l’enseignement non universitaire de 4 ans, comprenant une année de classe préparatoire et 3 années de graduat et l’enseignement universitaire de 5 ans, comprenant 2 années de candidature et quatre années de licence. Les plus brillants, ayant obtenu au moins 70 % pouvaient être admis au cycle de doctorat d’au moins cinq ans.

Entre-temps, le gouvernement va initier un programme de construction dans chaque territoire, (le pays en comptait 145) des écoles publiques. Durant cette période, reconnait Patience Musumba, le pays a comblé le vide de formation de son élite intellectuelle. Au début des années 1980, si la scolarisation universelle n’est pas encore de mise, surtout pour les filles et dans le secondaire, le Congo-Zaïre a su mettre en place un système éducatif propre allant de l’école primaire à l’université, avec le quart du budget de l’État affecté à cette tâche (Musamba, 1985 :21).

Durant cette période, c’est l’idéologie du MPR, parti unique et parti-Etat, qui va orienter les politiques sociales, y compris celles de l’éducation. Selon le projet de société du MPR, l’aliénation culturelle, rendue possible par l’entreprise coloniale, avait conduit à l’asservissement du peuple congolais. La dimension communautaire qui constitué l’essence de la culture congolaise avait cédé la place à l’individualisme occidental que le nouveau régime commençait à combattre (Bureau du Président du MPR, 1967 : 4). L’idéologie prônée par le régime zaïrois, sous la couverture du Mouvement Populaire de la Révolution, le parti-unique, était l’authenticité. Sur le plan politique, l’authenticité s’attardait sur la mise en œuvre des mécanismes appropriés en vue de l’instauration et de la sauvegarde d’une société conforme aux aspirations profondes de la nation zaïroise. Au plan socio-économique, l’authenticité se basait sur l’humanisme communautaire, en orientant les efforts en vue de réussir la transformation de la société pour le bien-être collectif (Bureau du Président du MPR, 1967 : 44-46). Ainsi, à tous les niveaux de l’enseignement, les cours de religion et de la morale ont été remplacés par l’éducation civique et politique.

Le régime de Mobutu accordait une part belle au genre. Le slogan de Mobutu était simple, clair et net à ce sujet : « otumboli Mobutu, otumboli ba maman » qui se traduit par : « les préoccupations des mamans sont celles du président.  Il est vrai que la culture traditionnelle limitait le rôle de la femme aux tâches ménagères. Ce que le président Mobutu rejetait déjà. Il dira :

« …un adage de chez nous dit que les femmes ne peuvent pas bâtir un village. Loin de moi toute prétention de remettre en cause la sagesse traditionnelle. Mais je constate tout simplement que les femmes zaïroises, nos vaillantes mamans, celles qui nous donnent la vie et le goût de vivre, sont tous les jours au front pour le développement de notre grand et beau pays… »[4]

Fort de cette conviction, la femme zaïroise était effectivement au cœur du système de l’enseignement. L’enseignement primaire était quasiment assuré par les femmes, formées à l’école normale pour combler le vide laissé par le départ précipité des enseignants belges. Certes, le taux de scolarisation de la jeune fille n’est pas au niveau requis par rapport au jeune homme. Néanmoins, celle-ci est systématiquement encouragées à fréquenter l’école où elle ne connait aucune discrimination.

Cet élan dans la formation connaîtra une stagnation à partir des années 1980. La crise économique déclenchée à partir de la fin des années 1983, l’austérité budgétaire imposée par les programmes d’ajustement structurel, les pillages de 1991 et de 1993 et les guerres du milieu des années 1990, ainsi que l’explosion démographique vont détruire, sur tous les plans, la majeure partie de ce qui avait été construit jusque-là. Ainsi, de 26% en 1982, la part du budget dans l’éducation passera à 7% en 1986, principalement suite à la baisse des salaires des enseignants (Musamba, 1985 :79). Il s’en est suivi des problèmes comme des irrégularités dans la paie des enseignants ; d’où leur démotivation et la baisse du niveau de la qualité de l’enseignement.

4 – Période de transition politique 1990-2006

En 1991 et 1993, la RDC a connu le phénomène des pillages. Des entreprises et établissements publics et privés ont été vandalisés par les militaires en colère ainsi que par les jeunes qui en avaient marre de la crise économique. Près de 120 personnes, selon le rapport du ministère de l’Intérieur et 312 personnes, selon l’ONG la voix des sans voix, périront sur l’ensemble du pays, dont notamment l’ambassadeur de la France, Philippe Bernard[5]. C’est ainsi que des écoles et universités étaient systématiquement vandalisées. Il s’en est suivi deux années blanches. Aux pillages, il faut ajouter le dossier du massacre des étudiants à Lubumbashi, la nuit du 11 au 12 mai 1990, évènement qui a marqué la fin de la coopération entre le Zaïre et les partenaires occidentaux.[6]

La politique gouvernementale en 1993 était alors de relancer l’enseignement dans un pays où les élèves et les étudiants n’avaient plus la possibilité d’étudier après la destruction méchante des infrastructures scolaires et des archives. Cette politique est basée sur la sensibilisation des parents, des chefs d’établissements scolaires, les enseignants et les élèves pour reprendre le chemin de l’Ecole. Cette campagne a justement permis la reprise des activités scolaires en octobre 1993.

Le gouvernement, en plus de la campagne de sensibilisation, avait recouru aux privées pour les inciter à créer des écoles et des universités. C’est la politique d’essaimage. Le gouvernement initia la politique de prise en charge des enseignants par les parents. Désormais, en plus de leur salaire, les enseignants reçoivent mensuellement une prime puisée dans le minerval.

Le secteur de l’enseignement sera alors pris d’assaut par des privés qui créèrent des écoles et universités privées. Le pays gagnera certes en quantité mais perdra en qualité. Il naitra en effet le phénomène « enseignement business ». Des écoles et universités de tout genre envahiront les villes et cités, formant et déformant à la fois. Cette libéralisation, souligna la secrétaire général de l’Enseignement Supérieur et Universitaire (ESU), a permis aux pays de mettre fin au système de parrainage et de quotas qui limitait l’accès à l’université qu’à une catégorie des personnes.[7]

La place de la femme dans cet environnement politique sera certes garantie mais connaîtra plusieurs soubresauts. Il va sans dire que la formation de la jeune fille dans les zones contrôlées par le gouvernement était assurée normalement. L’on a noté cependant un net recul à cause de manque des moyens des parents dans un contexte de guerre et de crise. La priorité de scolarisation dans des familles sans ressource était accordée à la formation des garçons.

De 1997 à 2003, aucune politique claire sur l’enseignement ne sera initiée par le gouvernement. C’est plutôt en 2004, avec la réunification du pays et sous la houlette du gouvernement de transition que seront lancés les états généraux de l’éducation, suivis du recensement des établissements scolaires et d’études supérieures ainsi que des enseignants et de l’augmentation du salaire des enseignants. L’on dénombra 19 100 écoles primaires, 159 000 enseignants, 6,47 millions d’élèves et 8072 écoles secondaires avec 108 000 enseignants pour 1,6 millions d’élèves. La même année, l’enseignement supérieur comptait 326 établissements, avec 752 professeurs pour environ 200 000 étudiants. Le salaire du professeur d’universités qui était l’équivalent de 4 000 usd en 1983 avait chuté jusqu’à 20 usd en 2003 pour se fixer à 500 usd en 2004. (Lay, 2010 :57-59).

Ainsi, par exemple, à cause des irrégularités dans le paiement des salaires et de leur modicité, les professionnels de la craie constamment en grève, paralysant les secteurs. Tout ce qui était public ne rassurait plus. On se tourna vers les initiatives privées où régnaient encore, toute proportion gardée, l’ordre, le sérieux et la qualité.

5 – La période post-transition et post-conflit : 2007-2018

Au cours de cette période, le gouvernement va initier plusieurs politiques dans le secteur de l’éducation. Il sied de noter que la nouvelle constitution de 2006 instaura le régionalisme politique. Ainsi, la gestion de l’enseignement primaire et secondaire a été confiée aux gouvernements provinciaux, même si l’orientation dudit secteur demeure sous le contrôle du gouvernement central.

En 2007, le gouvernement va initier l’élaboration du plan national de l’éducation. Ce document stratégique va désormais orienter la politique de l’éducation en RDC. Parmi les politiques les plus ambitieuses initiées au cours de cette période, nous retiendrons la « Campagne de toutes les filles à l’école », initiée en 2007 par le ministère national de l’enseignement primaire et secondaire et exécutées par les gouverneurs des provinces, avec l’appui de l’UNICEF. Cette politique a permis l’inversion de la courbe entre les jeunes garçons qui représentaient désormais 48% et les jeunes filles à proportion de 52% dans les écoles primaires (Cellule Technique pour les Statistiques de l’Education, 2021 :12).

En 2007 encore, le gouvernement par le biais des « Fonds Social de la République » s’est engagé à réhabiliter toutes les écoles publiques qui faisaient la fierté de l’enseignement au Zaïre, détruite par les pillages ou mal entretenus. Chaque gouverneur de province était appelé à identifier des écoles qui devraient être réhabilitées. Au total, 630 écoles ont été globalement réhabilitées par les gouvernement national et provinciaux. (Cellule Technique pour les Statistiques de l’Education, 2021 :16).

En 2010, le gouvernement s’est engagé dans la révision du programme scolaire. En même temps, des manuels scolaires sont rédigés et mis la disposition des écoles. C’est la deuxième réforme du programme de l’enseignement depuis 1972.

En 2012, le gouvernement a lancé l’ambitieux programme de construction de 1000 écoles primaires et secondaires sur l’ensemble du pays, soit 90 écoles par provinces, excepté la ville de Kinshasa où on a construit 100 écoles.

Par ailleurs, le gouvernement poursuivait la politique de mécanisation des agents qui restaient sans toucher leur rémunération. A cette mécanisation s’est ajouté le doublement du salaire des enseignants de l’école primaire et secondaire. Contrairement à l’enseignement primaire et secondaire qui est resté sous la gestion des gouvernements provinciaux, l’enseignement supérieur et universitaire, qui est resté une compétence exclusive du gouvernement central, a connu aussi des initiatives en vue de sa redynamisation.  Parmi lesquelles, la fermeture de tous les établissements publics et privés non viables après un contrôle de viabilité initié par le ministère de l’enseignement supérieur et universitaire. Au total 258 établissements seront frappés par cette mesure de fermeture. (PIDIKA, 2011 : 42)

Le gouvernement s’est engagé dans la réhabilitation des toutes les universités publiques afin d’améliorer les conditions de travail des enseignants et d’apprentissage des étudiants. Les homes des étudiants seront dans cette logique aussi réhabilités. Par ailleurs, le gouvernement a revu le traitement des enseignants de l’université. Ainsi le professeur d’universités a vu son salaire passé de 500 usd à 2150 usd le mois. En même temps, face à la question de relève du corps enseignant vieillissant, le gouvernement a signé des partenariats avec plusieurs universités du nord pour former des nouveaux professeurs.

Par ailleurs, malgré l’apport de l’Etat dans le financement de l’enseignement, le système de la prise en charge des enseignants par les parents n’a pas disparu. On a en outre connu l’essor des écoles et universités privées, réservées qu’à une catégorie des citoyens à cause du coût par rapport aux établissements publics.

Plusieurs programmes et projets, malgré des déclarations politiques, sont restés des simples vœux pieux. Et n’ont pas été suivis d’effets globaux et transformateurs. Pour cause : la corruption et les détournements des deniers publics. Mais aussi la guerre, avec les mouvements rebelles congolais et des pays voisins, dans la partie orientale du pays était toujours d’actualité.

6 – La période de COVID-19

La grande réforme dans le secteur de l’éducation initiée par le gouvernement est la gratuité de l’enseignement primaire dans les écoles publiques. Cette politique devrait permettre de scolariser au moins deux millions d’enfants qui étaient hors circuit scolaire. L’autre mesure dans le secteur de l’éducation était la poursuite de la mécanisation des enseignants non payés.[8]

Une autre politique est le changement de la grille de programmes de la chaîne de télévision « Educ-Tv », qui proposait désormais des programmes des cours aux élèves, et ce, à la suite de la fermeture des écoles à cause du confinement. Au niveau de l’ESU, le gouvernement a pris en charge la connexion gratuite au wifi dans les universités pour faciliter la recherche tant pour les enseignants que pour les étudiants. Par ailleurs, le gouvernement a instruit la mise sur pied dans chaque établissement scolaire ou universitaire d’un Comité COVID-19, destiné à s’assurer du respect des mesures de lutte contre covid-19.

[1] Lire à cet effet David REYBROUCK, Congo une histoire, Bebel, Amsterdam, 2012, p364-424.

[2] De nos entretiens avec Loka ne Kongo.

[3] Lire à cet effet, Joël MUKUMADI, La crise au Congo-zaïre. Le Belgique au centre du drame congolais, CIEDOS, 1986, CAPELAERE Pierre, Congo (RDC). Puissance et fragilité, L’Harmattan, Paris, 2011, REMILLEUX JEAN LOUIS, Mobutu. Dignité pour l’Afrique, Albin Michel, Paris, 1989, N’GBANDA NZAMBO-KO-ATUMBA, Ainsi sonne le glas ! Les derniers jours du Maréchal Mobutu, GIDEPPE, Paris, 1998.

[4] Extrait de l’allocution du président Mobutu, le 20 mai 1980, à l’occasion du 20ème anniversaire du MPR.

[5] Lire à cet effet le rapport de l’ONG la Voix des sans voix sur les pillages, disponible sur le site voix des sansvoix-rdc.org

[6] Lire à cet effet Alphonse KOYAGIALO, Massacre de Lubumbashi (11-12 mai 1990), L’harmattan, Paris, 2012, 222p et André LIMBONGO, Le massacre de Lubumbashi, Lys Bleu Editions, Paris 2018, 123p.

[7] De nos entretiens avec Mme Marie NGALULA Ilunga, secrétaire générale de l’ESU, en retraite.

[8] Lire à cet effet l’allocution du président de la République à l’occasion de la cérémonie du lancement de la gratuité de l’enseignement, le 11 septembre 2019.